Je ne me souviens plus si je vous ai déja raconté l'histoire de
Gipsy la chipie , le faits remontent au début des années 70
Gypsie la chipie.
La première fois que je l’ai vue, elle ballottait dans le dos d’un chasseur, qui revenait de relever ses pièges. Elle pendait, tête en bas, pattes arrières liées par une fine liane , dodelinant de tout son être aux grès des pas du chasseur, et des irrégularités de la piste.
Avec elle, la même fourrure grise, finement rayée, pareillement ficelée, mais modèle au dessus, plus grande, plus longue, pendait à son coté mais curieusement, plus raide aussi. C’est précisément ce détail qui attira le plus mon attention, et qui me fit suivre l’homme jusqu’aux pauvres cases de bois du village, tenant lieu de boutiques à tout vendre. Arrivée là, je retrouvais mon mari, qui négociait quelques lampes tempêtes pour les ouvriers.
L’homme, décrocha son ballot, et le posa au sol, négligemment, sans doute dans le but de le vendre au plus offrant.
Je m’approchais, et découvrais deux boules de poils, entrelacées, d’un même gris ardoise. Je n’avais jamais vu cet animal auparavant , ça ressemblait à une grosse belette, en plus trapu.
J’examinais les deux bêtes, quand la plus petite ouvrit un œil, puis bougeât une patte…..
Je venais de faire la connaissance de Gypsie la mangouste.
Sa mère avait eu l’imprudence de se laisser prendre au piège, en y laissant la vie, mais le petit, trop jeune n’avait pas eu l’idée de fuir, et était resté près du corps de sa mère. Le chasseur avait ramené le tout , sans plus de considération pour l’animal vivant que pour le cadavre.
Dans certaines régions d’Afrique, on mange tout ce qui se laisse prendre au piège…. En brousse, c’est la seule viande au quotidien.
De retour à la case, avec notre nouvelle pensionnaire libérée de ses liens, il fallut se rendre à l’évidence que ses pattes arrières étaient blessées, qu’elle ne tenait plus sur ses quatre pattes, mais surtout, qu’on avait à faire à un bébé ! Comment nourrir ce petit bout, où trouver une tétine si petite ? Bien vite, la solution fût trouvée, grâce à notre fils d’à peine dix huit mois . Il avait voulu partager son biscuit avec cette petite boule, et comme le biscuit était imprégné du lait de son biberon, Gypsie se mit à téter le biscuit. !
Bien vite, les biscuits firent place à une nourriture très variée, tout plaisait à notre petite mangouste, elle devait avoir comme signe zodiacal : la voracité !
Evidement, à ce régime, elle grossit bien vite, mais ses pattes arrières étaient irrémédiablement abîmées, ce qui d’ailleurs ne l’empêchait pas de déambuler en se trémoussant d’une façon comique , et de grimper partout , poussée par une curiosité inépuisable.
Gypsie ne quittait pas notre fils, elle était de toutes les sottises, de toutes les malices, et de tous les larcins possibles. C’est inimaginable toutes les bêtises qu’elle a pu faire !
Elle aimait se glisser dans la chambre de l’enfant, et dormir avec lui, jusqu’au jour où elle entreprit de creuser un terrier dans le matelas de mousse . Imaginez le tableau lorsque la sieste fût terminée ! Il y avait des morceaux de mousse partout dans la chambre , et le gamin riait en lançant cette mousse au travers les barreaux de son lit !….
Un des jeux favori de ce petit clown à poils, était d’aller se baigner dans la cuvette des wc, et bien sûr, l’enfant s’empressait de tirer la chasse d’eau. La mangouste , trempée , courait alors dans toute la case, ravie de s’être ainsi rafraîchie.
Gypsie très accueillante, adorait lorsque nous recevions des visites, la table basse de la terrasse , lui permettant tous les larcins possibles, et surtout , une cuite assurée , car elle s’empressait de vider tous les verres restés sans surveillance, cassant à l’occasion un verre ou deux.
Je ne connaissais pas les mangoustes avant notre séjour en Afrique, je crois même que leur seul nom m’était inconnu, et bien je peux vous dire que ces animaux sont des compagnons extraordinaires !
D’un caractère enjoué, malicieux, vif, et très intelligent , on ne s’ennuie jamais en telle compagnie . En brousse, évidemment, pas de librairie pour se documenter, alors, nous avons appris le « mode d’emplois de la mangouste » sur le tas ! Et les tas, Gypsie en était experte !
Tas de terre, de cailloux bien choisis, de linge volé dans la panière, de papiers déchiquetés, et tout ce qui lui permettait de faire un tas ! On en retrouvait sous les lits, dans les placards, dans le bac à douche, et jusque dans le four de la gazinière ! Pour ce faire, elle était passée par l’arrière , entre le mur, et le fond du four, où un espace était prévu pour l’échappement de l’air chaud.
En ce qui concerne les cailloux, nous avions étalé des galets , petits et gros tout autour de la case, sur au moins deux mètres cinquante de large, afin de décourager les serpents, qui n’aiment pas se montrer à découvert, à la merci des prédateurs ailés. Nous étions amusés et très étonnés de voir la mangouste passer de longs moments à chercher des petits galets blancs, bien lisses, bien ronds. Une fois son choix fait, elle se rendait le long du mur de la case, tenant son cailloux entre ses pattes avant, puis le projetant de toutes ses forces entre ses pattes arrières, contre le mur. Elle recommençait ce que nous prenions pour un jeu, des dizaines de fois , avec insistance. Puis , elle changeait de cailloux , et recommençait. Nous avons appris par la suite , que les mangoustes agissent ainsi pour casser les œufs trouvés dans les nids.
Evidement, la nature de ce petit mammifère est de chasser, et la, notre chipie était imbattable !
A tel point que lorsque nous nous rendions chez des voisins, Gypsie opérait un nettoyage systématique de leur case : Aucun serpent, ne lui aurait échappé, aucun nid de rats ne l’aurait rebuté, aucun cafard, aucune souris, n’avaient grâce à ses yeux …... Aucun caneton d’ailleurs aussi !!!!!! Elle nous les a tous croqués, les uns après les autres, malgré la surveillance serrée de Clément , dont c’était le travail .de fin d’après midi : Promeneur , surveillant général de la troupe palmée des canards !
Voilà l’histoire de Gypsie la chipie, qui sachant se faire aimer par tous, et n’ayant jamais voulu quitter les hommes pour aller vivre sa vie en brousse, trouva aisément une nouvelle famille d’accueil , lors de notre retour en France. Nous l’aimions tant, que nous avions envisagé un instant la ramener avec nous en France, mais qu’aurait elle fait dans un pays de froidures, de béton, de macadam, sans termitières à visiter, sans serpents à débusquer….. C’est pas une vie de mangouste ça !
Et tant pis si depuis, elle a cumulé de nouvelles sottises, on lui aura sûrement pardonné, vu les services qu’elle savait rendre en tant que ménagère émérite, et surtout, en tant qu’éloigneuse et croqueuse de serpents et de scorpions !